La Réunion : GR R2 étape 1 et sommet de la Roche Écrite

À peine descendu de l’avion, je retrouve l’air chaud et légèrement salé qui annonce tout de suite la couleur : bienvenue à La Réunion. Si je suis ici, c’est avant tout pour effectuer le GR R2, le trek mythique qui traverse l’île du nord au sud. Mais avant d’entrer dans le dur, je pars faire un petit tour dans Saint-Denis, histoire de respirer un premier aperçu de l’île.

Le front de mer du Barachois m’accueille avec sa rangée élégante de palmiers qui se balancent doucement dans le vent. Juste à côté, les canons de l’ancienne défense du Barachois rappellent que ce lieu paisible a aussi connu des heures plus mouvementées. Aujourd’hui, ils semblent surtout tenir compagnie aux joggeurs du matin et aux familles venues profiter de la brise marine.

Plus au centre, je passe devant la Villa du Département, l’une de ces superbes bâtisses créoles aux vérandas travaillées, qui racontent à elles seules l’histoire de la ville. Quelques rues plus loin, la cathédrale Saint-Denis s’élève avec sobriété. Le contraste entre ces architectures, les couleurs vives, les ombres des lataniers… tout me rappelle pourquoi j’aime tant voyager.

GR R2 étape 1, entre Saint-Denis et le refuge de la Roche Écrite (15.5 km, 1826 D+, 40 D-)

Carte et profil de l’étape :

Lorsque l’on parle des grands treks français, le GR R2 revient souvent comme l’un des plus exigeants : une traversée de La Réunion du nord au sud, plus de 140 kilomètres (sans les options des sommets) et un dénivelé qui n’a rien à envier à ses cousins alpins ou corses (coucou le GR20).

Lui aussi me faisait de l’œil depuis un moment, c’est pourquoi, j’ai décidé de m’attaquer à cette traversée mythique, en solitaire et avec un sac un peu trop chargé (comme toujours).

Après cette première découverte de Saint-Denis, je sens que l’aventure peut enfin commencer.

Vendredi 26 septembre, 8h15, ça y est : mes pieds foulent les premiers mètres du GR R2, à la sortie de Saint-Denis, juste avant de pénétrer dans la forêt de La Providence. Il fait beau et la température est de 25° C.

L’étape du jour est annoncée longue et soutenue : Saint-Denis → refuge de la Roche Écrite, 15.5 kilomètres de montée qui ne faiblit presque jamais. Parfait pour se remettre dans l’ambiance trekking.

Les premiers kilomètres se font en douceur. Le chemin serpente à l’ombre des plantes tropicales.  Je monte tranquillement jusqu’aux premiers points de vue qui dominent la ville. Peu à peu, les bruits urbains disparaissent. Ne restent que le frottement de mes bâtons, quelques oiseaux et le souffle régulier de la montée.

À 10h05, j’arrive au Brûlé, 800 mètres d’altitude. Les nuages ont fait leur apparition. Depuis ici, le GR R2 est censé suivre la route D42 jusqu’à Mamode Camp mais je repère bien vite sur l’application All Trails (indispensable) quelques sentiers et raccourcis pour l’éviter au maximum. J’y arrive 1h15 plus tard, il fait maintenant 20° C et l’altitude est de 1200 mètres.

La végétation change, elle se fait  plus dense et plus humide. Finalement, 5h30 après le départ sous le soleil, j’arrive au refuge de la Roche Écrite (ou gîte de la plaine des Chicots) entourée de brume qui monte et descend comme un souffle.

Je suis fatigué, mais content d’être là. Le refuge est spartiate, il n’y a pas d’eau chaude et les chambres sont froides et humides. Tout cela n’est pas très important, si je voulais le confort d’un cinq étoiles, je ne serais pas ici.

Cette première étape a tenu ses promesses : exigeante, physique, mais déjà magnifique. La nuit sera courte. Demain, lever avant l’aube pour assister à l’un des plus beaux spectacles du trek : le lever de soleil au sommet de la Roche Écrite.

Hors GR R2, sommet de la Roche Écrite (9.4 km, 470 D+, 470 D-)

Carte et profil de l’étape :

Samedi 27 septembre, 4h45 du matin. Je m’extirpe de mes couvertures chaudes. L’air est frais, presque piquant, je vois des étoiles danser dans le ciel ce qui est bon signe. Il fera beau pour le lever du soleil.

Je m’équipe en silence : frontale, polaire, appareil photo et un peu d’eau. La plupart de mes affaires restent dans la chambre. Mes jambes peinent un peu à se dérouiller, mais l’enthousiasme du moment à venir suffit à me réveiller.

Le sentier vers le sommet n’est pas très long (1h30), mais dans le noir, il prend une autre dimension. Le faisceau de ma lampe éclaire les branles et les rochers. Il est facile de se perdre sur la plaine des Chicots même si des marques blanches indiquent le chemin.

Changement subtil : le noir du ciel s’éclaircit d’un bleu pâle, presque imperceptible d’abord. Les couleurs se font de plus en plus chaudes au fil de la montée. J’éteins ma frontale. Le sommet n’est plus très loin.

J’arrive à la Roche Écrite (2276 m), pas un souffle de vent. Le grandiose cirque de Salazie apparaît en contrebas, encore rempli d’ombres, tandis que les sommets alentour se détachent comme des silhouettes géantes. Le village de Grand Îlet se réveille doucement.

Je reste là de longues minutes, à regarder la lumière avaler les reliefs, les crêtes, les ravines. Je redescends vers le refuge, la tête encore pleine de couleurs. Je me perds un peu, heureusement que mon GPS m’aide à m’y retrouver.

Je suis de retour au gîte après 1h de descente. Le soleil est maintenant bien installé et la journée peut commencer pour de bon. D’ici quelques instants je quitterai cet endroit pour ma prochaine étape, Dos d’Âne, qui surplombe le cirque de Mafate.

Trek effectué en septembre – octobre 2025